jeudi 5 septembre 2013

Odysseus ressuscite l'Ame grecque ...



Arte, la chaîne franco-allemande a diffusé une fiction de qualité = « Odysseus »,  une série en douze épisodes au début de l’été.
Même si l’Ame grecque semble avoir été profondément bousculée ces dernières années, son « essence » a tout cas inspirée ses frères européens : série co-produite par des Français, des Portugais et des Italiens (réalisation signée Frédéric Azémar) ... avec de petits moyens pour raconter un récit initiatique qui date de l’époque de la Grèce antique,
Certes, cela peut paraître loin, mais les vieilles histoires sont parfois meilleures quand elles sont réchauffées !


Aussi, Odysseus, c’est l’histoire d’Ulysse, qui revient dans sa patrie d’origine, Ithaque, une minuscule île grecque située dans cette partie du monde, la Méditerranée, (mer ionienne, précisément), théâtre et berceau de rencontres entre Orient et Occident. A cette époque mythique où le ciel (les Dieux) et la terre (les Hommes) étaient étroitement reliés où le mot religion du latin « religare » signifiant « relier », se vivait tout naturellement !

Ulysse a beaucoup voyagé = 20 ans de conquêtes, de découvertes et de guerre (celle de Troie) puisque tel était l’unique moyen de trouver la paix. Quand il revient, il retrouve son trône (difficilement), sa femme toujours fidèle (la Reine Pénélope),  un fils (Télémaque) souffrant l’absence d’un père, un ami, un père fidèles, des soupirants de sa femme, un peuple en quête d’un roi …
Mais 20 ans d’absences … c’est aussi beaucoup …
Ulysse est certes roi mais roi contesté et/ou trop idéalisé ?
C’est là que l’Histoire commence vraiment …

 Aussi, on découvre une série qui fait la part belle aux relations et confrontations humaines (puisque le ciel semble lâcher les Hommes afin qu’ils apprennent à se « gouverner » par eux-mêmes) = rapport fusionnel entre le fils et la mère, une mère castratrice et nostalgique d’un passé qui ne reviendra plus, l’irrespect d’un père pour son fils, ambitions, désirs, conflits d’intérêts et un fils qui s’énamoure d’une « ennemie » du peuple ... Des repères qui sautent !!

Conflit de générations qui ne se comprennent plus ?  
A une époque où les Hommes vénéraient avec une peur « sacrée » le monde spirituel, lâcher les hommes et leur Insuffler un nouveau souffle teinté de liberté et saupoudré de ce besoin viscéral de paix et d’universalité, ouvrait la porte vers un monde tourné vers l’inconnu …
Conflit de civilisation tout simplement …

Car clivage entre un monde ancien et brutal et un nouveau qui se dessine, à travers des fils et des héritiers, qui semblent bien plus préoccupés à connaître le bonheur, l’amour et la paix que la gloire et le sang …
Aussi, certains saisiront l’appel. 
D’autres s’enfermeront sous l’autorité d’un passé empreint, de rigidité, de déterminisme et de sectarisme.

JE sers Qui dans toute cette Histoire ?


Amour du pouvoir ou pouvoir de l’amour ?
Il faudra choisir … Télémaque, le fils, a choisi …
Souffrant tout autant de l’absence d’un père que pour un peuple sans roi, parfois incompris mais fidèle et intègre à des valeurs et des convictions (la fidélité à son amour pour Cléa par exemple), on
découvrira une autre dimension épique du Héros à travers Lui= celui qui écoute son cœur et ses intuitions avec cet unique but noble et vertueux de vivre dans un climat de paix et de partage, bousculant l’énergie héroïque d’un père, Ulysse, devenu trop possessif, sectaire, méfiant, une problématique trouvant sa source dans  des pulsions un peu trop guerrières, sexuelles et contemplatives générant au final beaucoup d’effusion de sang pour une gloire un peu trop éphémère !


Aussi, le combat sera rude, très rude et très meurtrier, puisque l’enjeu était de taille  … N'est-on pas loin d’une énième version d'une mythique épopée d'un marin condamné à l’exil par les dieux ? Réponse = on est dans un basculement épique de civilisation … puisque Amour, Sacrifice, Evolution forment un trio parfaitement rodés depuis la Nuit des Temps … et que rien n’y pourra changer. 
Aussi, d’un passé exclusif, on bascule dans un futur inclusif !

Heureux qui comme Ulysse ?
Heureux qui comme Télémaque qui « s’offrira » sa belle princesse pour gouverner et incarner la paix et l’universalité à Ithaque … Aussi, on peut découvrir à travers la série, l’importance de l’évolution des personnages féminins dans leurs rôles de femme (mère, épouse, fille) = attachement, intéressement, manipulation, soumission, rébellion, jalousie, dépassement, inspiration, sacrifice, paix, don, entraide, service...

Etre ou ne pas être = Télémaque et Cléa auront choisi d'être !
Ouf, il était Temps …
Fin d’une civilisation et début d’une autre = au 8ème siècle avant J.C., une toute petite partie du monde ne vagabonde plus sur les mers et ne cherche plus à "envahir ses voisins" ou à se faire envahir … mais se découvre à travers des idéaux et des valeurs comme la confiance, la fidélité, le respect, l’écoute, l’amour, le partage …


Et puis, on ressuscite un peu l’Ame européenne, une Europe qui a été « pensée en terme de philosophie » et non en terme économique ou de bien être … puisque c’est en Grèce qu’il faille aller chercher la source de « l’Humanité européenne », une vie pour la liberté ?

Odysseus, héritage d’une Petite Histoire à revoir et à transformer puisque l’Histoire est transmission d’un héritage en mouvement dont la réactivation lui permet de rester ouverte et vivante !


«  Le plus grand péril qui menace l’Europe, c’est la lassitude »
Edmund Husserl, philosophe et mathématicien autrichien (1859 – 1923)


"Il y a deux histoires : l’histoire officielle, menteuse, puis l’histoire secrète,
où se trouvent les véritables causes des évènements." 
Honoré de Balzac, écrivain français (1799-1850)

  • Un livre

"Métamorphoses d'Europe" (2000). Trente siècles d'iconographie d’Alain Roba et Christian de Bartillat aux Editions Bartillat, fondation pour une civilisation européenne.

« Europe ou l’histoire secrète de l’Europe = cavalière amoureuse du Taureau glissant des profondeurs de l’Asie, concurrente des empereurs, animatrice des mystères de la chrétienté, reine et dominatrice
d’outre-océan. Princesse de la grâce et de la volupté, toute tachée du sang d’un continent violenté, fougueuse révélatrice des abîmes du 20ème siècle, Europe galope à toute vitesse sur le dos de l’avenir immaculé ».
« Un livre qui recense toutes les expressions d’Europe depuis trente siècles ; les principaux témoignages artistiques, poétiques et littéraires d’Europe : peinture, aquarelles, dessins, sculptures, mosaïques, terres cuites, fresques, tapisseries, gravures, livres, atlas … »




  • Une musique
Pour accompagner le « déluge », offrons nous une musique, « Zombie », musique pop des années 1990 (album « No Need to argue » ) du groupe The Cranberries (groupe irlandais qui s’est arrêté en 2003) avec la voix engagée de la chanteuse du groupe, Dolores O'Riordan (artiste née en 1971)  single mettant en avant la situation irlandaise … énième guerre et conflit pour trouver la paix !
 http://www.youtube.com/watch?v=6Ejga4kJUts


  • Deux Tableaux

« Mars et Vénus »  du peintre  français Louis Jean François Lagrénée (1724 - 1804). Une allégorie vers la Paix !

« La naissance de Vénus » du peintre italien, Sandro Botticelli (1445 – 1510). Redécouvrir son potentiel d’amour en tant que femme : fille de, mère, épouse, femme religieuse, femme sensuelle et charnelle ? Femme idéale ? Sortir de sa petite coquille et de cette instabilité permanente ... et accepter sa "nudité"/son innocence (se voir au-delà de l'apparence, grâce notamment au souffle de l'homme (de Dieu) d'un côté, puis chercher à "protéger son Féminin", de l'autre = accepter "l'incarnation"/sa propre existence dans toute sa banalité).